Une année très glamour ! Nouveau ! Dernier épisode (p. 5)

Bonjour à tous,

Voici la suite des aventures de Maureen au pays de la mode ! Cette fois-ci, elle va apprendre à mieux connaître Salvatore qui n'a pas du tout le même caractère qu'Elimane.

Côté couture, j'ai fait l'ensemble de Maureen (jupe froncée et haut gris). J'ai complété la garde-robe de Salvatore avec une veste en laine bleu turquoise et un col roulé noir. Enfin, j'ai cousu quelques t-shirts à manches longues pour mes figurines action. Le reste des vêtements était déjà en stock.

Quant aux photomontages, rien de spécial, si ce n'est que la photo n° 11 où les poupées dansent n'est pas géniale : pas facile de les mettre en situation ! J'espère que vous n'allez pas trop rire, on dirait une bande de zombies qui se trémoussent !
J'ai essayé d'innover en mettant une ambiance musicale : en cliquant sur le lien (You Tube), vous aurez Rammstein au moment du défilé (un vieux morceau, mais de circonstance !) et Guetta, chez Salvatore au moment où ils dansent (un titre de 2016). Bien sûr, vous n'êtes pas obligés !

Comme de coutume, je vous donne le casting pour cet épisode :

• Maureen Doherty : Maree (Jigamaree-Bimong)
• Anaïs Leroyer : Urban Vita (Horsman)
• Les copines au réveillon du Nouvel An : Twiggy (Franklin Mint) & Gene Marshall (Integrity Toys)
• Salvatore Fiorello : Stephan Salvatore (Tonner)
• Ginger : Miss G Black (Ficon Doll)
• L'habilleuse : Jo Bessonova (Joe Tai)
• Wei Xing & Vassili : Figurines action échelle 1/6e

Avertissement : Mon récit s'adresse à un public adulte.

CHAPITRE 7
JEUX DE SOCIÉTÉ

Après avoir passé un Noël inattendu et plutôt agréable dans la famille d'Elimane, je m'apprête à fêter la nouvelle année en compagnie d'Anaïs et de quelques copains de fac. Nous organisons un réveillon bon enfant chez Mélanie dont les parents ont eu la bonne idée de partir en croisière, ce qui nous laisse le champ libre dans leur grand appartement.

Chacun apporte sa contribution au buffet. Je me suis chargée de faire quelques tartinades, ce qui n'est pas trop difficile et reste à la portée de mes faibles talents culinaires ! Ce n'est pas vraiment un repas gastronomique mais l'ambiance est sympathique et il y a du champagne.



Anaïs me raconte son séjour chez sa sœur et me montre des dizaines de photos de sa nièce dont elle est déjà gaga ! Je lui raconte à mon tour mon Noël passé chez Elimane. Elle ouvre de grands yeux.

- Mais tu es amoureuse de lui ? me demande-t-elle.
- Oui… enfin non ! En fait, je ne sais pas trop ! Nous avons juste flirté un peu mais ce n'est rien de très sérieux !
- Maureen, je ne te reconnais pas ! Toi qui étais une vraie nonne, uniquement préoccupée par tes études !
- Tu exagères ! Pourquoi est-ce que tout le monde me prend pour une fille coincée, incapable de s'amuser ?
- Parce qu'il y a sûrement une part de vérité ! répond-t-elle en se moquant de moi.

Nous entendons soudain nos amis scander le compte à rebours pour 2016 et reprenons en chœur :

- Trois, deux, un … Bonne année !

Nous nous embrassons et levons nos verres en souhaitant les vœux classiques de bonheur, réussite et santé. J'ai un moment de tristesse en pensant à ma mère : ce sera ma première année sans elle.



Après les fêtes, la vie reprend son cours normal. Lucas me demande de passer à l'agence où je dois faire des photos pour une pub de pâtes italiennes. Passionnant ! C'est lui qui fera le photographe, Elimane étant parti en vacances aux Etats Unis.

Les shootings terminés, je me rends à la salle de repos où je pense trouver Peggy mais c'est Salvatore qui m'accueille en me présentant ses vœux. Il me fait sagement la bise sur les deux joues.



- Alors, que puis-je te souhaiter pour 2016 ?
- De faire quelque chose de plus excitant que des pubs pour des boîtes de sardines ou des spaghettis !

Salvatore se met à rire :

- C'est ça, les débuts dans le mannequinat ! Ecoute, si ça te dit, je peux te faire assister à un défilé de mode, en tant que spectatrice bien sûr, précise-t-il, des fois que je me ferais des illusions ! Comme ça, tu verras comment ça se passe.
- Pourquoi pas ! Tu vas y défiler ?
- Non, le styliste est un ancien collègue à moi, c'est pour ça que je suis invité et que je peux emmener qui je veux. Il veut lancer sa propre marque de prêt-à-porter.
- C'est quand ?
- Demain après-midi. Je viendrai te chercher en voiture, je me souviens où tu habites.

C'est vrai qu'il m'a ramenée de Honfleur, il n'y pas si longtemps, même qu'il m'a embrassée sans ma permission ! Je me demande soudain si je fais bien d'accepter son invitation, mais, trop tard, c'est fait !

Le lendemain, je passe en revue toute ma garde-robe pour essayer de trouver une tenue pas trop ringarde pour assister à un défilé de mode. Je fais toutes sortes d'essayages sous l'œil intrigué de ma chatte Néfertiti.



Je choisis finalement un ensemble que j'avais porté à l'avant-dernier Noël, quand ma mère était encore vivante. Cela me rappellera de bons souvenirs.

Salvatore vient me chercher en fin d'après-midi. Le défilé commence à 19 heures dans un local de Saint-Germain-des-Prés. Il est habillé élégamment, avec comme souvent, une touche de fantaisie. Il me détaille des pieds à la tête et finit par me lancer un laconique : "Joli !".

Pendant le trajet, Salvatore m'explique que son ami Diego a décidé de présenter sa collection Printemps-Eté en dehors de la Fashion Week qui débutera seulement fin janvier. Comme c'est son premier défilé, il espère ainsi se démarquer des créateurs de mode plus connus. J'apprends avec surprise que le défilé durera à peine une quinzaine de minutes.

- Tu sais, me dit Salvatore, les défilés coûtent cher et cette durée est la norme maintenant. Quand je pense que dans les années 1950, un défilé pouvait durer une heure et demi : c'était le bon temps !

Nous arrivons bientôt à la salle louée pour les besoins du défilé. C'est moins luxueux que je le pensais : l'ensemble ressemble à un grand hangar avec un podium aménagé et des chaises disposées tout autour. Il y a déjà pas mal de monde. Salvatore se fraie un chemin dans la foule et salue au passage plusieurs connaissances. Il fait un signe de loin au styliste Diego, un grand brun un peu maniéré en train d'être interviewé par une journaliste.

Salvatore m'entraîne ensuite dans les coulisses du défilé, une grande pièce où les mannequins se changent et se font maquiller. Il y a beaucoup de passage, mais personne ne semble gêné de se déshabiller en public. Il y a de l'électricité dans l'air et les couturières effectuent avec fébrilité des retouches de dernière minute.



Salvatore me présente au maquilleur Wei Xing, un chinois habillé de façon excentrique pourvu d'une magnifique chevelure orange fluo ainsi qu'un copain mannequin, Vassili. Ce dernier est en train de s'habiller et exhibe des pectoraux impressionnants. C'est sûr qu'il fait de la musculation ! Il a remarqué mon regard et en roulant des mécaniques me lance :

- Ce n'est que du muscle ! Tu peux toucher si tu veux !

Je rougis et lui réponds, gênée : "Non, merci !". Non, mais, qu'est-ce qu'il s'imagine, ce fanfaron ? Il ne me tente pas du tout : je déteste les mecs bodybuildés !

Salvatore dit en riant :
- N'effarouche pas Maureen, Vassili, elle débute dans le métier ! Elle va croire qu'il n'y a que des m'as-tu-vu parmi les mannequins !



Peu après, le défilé commence avec pour musique d'ambiance du métal. Salvatore et moi, sommes placés au premier rang et je peux bien observer la façon dont les mannequins défilent. Le style des vêtements ne me branche pas trop : c'est du casual avec des influences punk et gothique.

https://youtu.be/7v3z_U0aLuc



Comme l'a prédit Salvatore, le spectacle ne dure qu'un quart d'heure environ. Les spectateurs applaudissent tous poliment mais je ne sens pas vraiment d'enthousiasme débordant !

- Qu'en as-tu pensé ? me demande Salvatore.
- Euh…original ! me risqué-je pour rester polie.
- Tu veux dire d'une nullité à pleurer ! rétorque-t-il en riant.

A ce moment, Diego passe à notre proximité et Salvatore s'avance vers lui en s'écriant :

- Bravissimo, mon cher Diego ! C'était renversant, sublime !

Ah, j'adore la franchise et la sincérité du monde de la mode !

Pour fêter ce premier défilé, un cocktail nous est offert avec du champagne servi en abondance. Je bois rarement de l'alcool d'habitude, mais je me laisse tenter par une coupe, puis une deuxième. Quand, on ne connaît personne dans une assemblée, tenir un verre permet de se donner une contenance !



Après une demi-heure, Salvatore décrète que la soirée est ennuyeuse et propose de la continuer chez lui en entraînant dans son sillage Wei Xing et Vassili ainsi que la copine de ce dernier : Ginger. Comme je suis dépendante de la voiture de Salvatore pour rentrer chez moi, j'ai dû suivre le mouvement.

Salvatore habite un bel appartement dans le quinzième arrondissement de Paris. La décoration est moderne et de bon goût. Son frigo et ses placards sont pourvus de petits plats préparés et de conserves de luxe : terrine de saumon, foie gras et même du caviar ! De quoi servir une bonne petite collation ! Il a aussi un bar bien pourvu en alcools de toutes sortes. Il me propose de goûter son cocktail favori, le Cosmopolitan : vodka, curaçao, jus de canneberge et citron vert. J'en bois une gorgée et le trouve à mon goût, bien qu'un peu costaud en alcool. Je mange un toast au foie gras pour faire passer !



https://youtu.be/qqjVwAg5fK4

Salvatore met un peu de musique et tout le monde se trémousse au son du dernier tube de David Guetta. Ginger semble fascinée par Vassili, ce qui ne l'empêche pas de draguer ostensiblement Salvatore et Wei.

Quant à moi, j'ai les joues écarlates, j'ai l'impression de marcher sur de la ouate et je n'ai plus les idées très claires après plusieurs coupes de champagne et un cocktail ! Sans compter que Salvatore me ramène un autre Cosmopolitan.

- Je crois que tu apprécies mon cocktail, dit-il en me le tendant.
- C'est le dernier ! décidé-je d'une voix un peu pâteuse.
- Alors, tu t'amuses ?
- Comme une folle !

C'est un gros mensonge : en réalité, je déteste ce genre de soirée, mais je veux paraître branchée et sortir de mon image de jeune fille sage. Salvatore me regarde d'un air amusé :

- Tu sais, tu n'es pas obligée de me faire une réponse diplomatique ! Cette soirée est presque aussi mortelle que la précédente !



- Pourquoi les as-tu invités alors ? demandé-je en désignant ses soi-disant copains.
- Pour passer le temps et peut-être aussi pour rester plus longtemps avec toi ! ajoute-t-il d'un ton suave en plongeant ses yeux sombres dans les miens !
- Si ça, ce n'est pas une réponse diplomatique ! persiflé-je. Ne me fais pas croire que tu t'intéresses à moi !

Avant que Salvatore puisse répondre quelque chose, Vassili se met à brailler :

- Et si on jouait une partie de poker ?
- Oh, non, proteste Ginger, c'est trop rasoir !
- Sauf si c'est une partie de strip poker ! propose Wei.
- Oui, oui, une partie de strip poker ! s'enthousiasme Ginger en battant des mains.
- Tu en es Maureen ? demande Vassili en se tournant vers moi.

Tous les yeux sont braqués sur moi.



Je termine mon Cosmopolitan, et l'alcool me désinhibant totalement, je réponds avec désinvolture : "D'accord !".

Salvatore me regarde avec des yeux ronds, les sourcils levés en signe de stupéfaction. Il me fait non de la tête, mais avec un air de défi, je m'avance d'un pas légèrement tanguant vers la table de jeu. Il finit par venir s'asseoir avec nous.

Vassili m'explique les règles du jeu qui sont simples. A chaque manche, celui qui possède la main la plus faible doit se séparer de l'un de ses vêtements. Je n'ai joué qu'une fois ou deux au poker, donc côté stratégie, je suis plutôt nulle. Je compte sur la chance pour me tirer d'affaire !

Les premières manches me sont plutôt favorables : Ginger est la première perdante. Elle m'a l'air un peu exhibitionniste et enlève ses vêtements sans état d'âme, en rigolant.



A partir de la troisième manche, ça se gâte sérieusement pour moi : je n'arrête pas de perdre. Mentalement, je me traite d'idiote : pourquoi ai-je accepté de jouer ? De plus, tout l'alcool que j'ai bu commence à me rendre malade : nausée et mal au crâne. Je me retrouve vite en sous-vêtements : il faut absolument que je ne sois pas dernière à la prochaine manche !

Et bien sûr, ce que je crains se produit : je perds encore une fois. Vassili et Wei me lancent des regards vicieux en ricanant alors que Ginger se moque de moi peu généreusement.

- A poil, Maureen ! scande-t-elle.
- Allez, ma petite Maureen, dit en ricanant Vassili, il ne faut pas être mauvaise perdante ! La règle, c'est la règle : il faut enlever un vêtement. Tu es chanceuse, tu as encore le choix : slip ou soutif !

A ce moment-là, Salvatore donne un grand coup de poing sur la table, faisant valser les cartes. Tout le monde sursaute, déconcerté par son geste.



- Bon, on arrête la plaisanterie ! décrète- t-il d'un ton autoritaire et maussade. Allez ouste, vous dégagez tous ! C'est l'heure d'aller faire dodo ! Vassili, tu te charges de ramener Ginger et Wei.

Les joueurs de carte se rhabillent en silence, maugréant contre la saute d'humeur de Salvatore, et partent rapidement en grommelant un bonsoir. L'appartement retrouve soudain le calme. J'essaie maladroitement de remettre mes fringues et me sens assez pitoyable. Salvatore m'aide gentiment.

- Je ne suis pas au top de la forme, avoué-je d'une petite voix.
- Sans déconner ! Tu es verte ! Je me sens un peu fautif, je n'aurais pas dû te servir autant d'alcool ! Je ne me suis pas souvenu que tu avais déjà bu du champagne au cocktail du défilé.



Salvatore me ramène ensuite chez moi. Comme je tiens à peine debout, il me raccompagne jusque dans mon appartement.

- Ça ira mieux demain ! dis-je en luttant contre l'envie de vomir.
- Je ne voudrais pas te démoraliser, mais ta gueule de bois ne va pas partir dès demain matin. Bois beaucoup, mange peu et repose-toi ! conseille Salvatore qui m'a l'air de bien s'y connaître.

Il m'aide à m'étendre sur le lit, et j'ai à peine conscience qu'il pose la couverture sur moi. Sa voix me parvient comme à travers un épais brouillard : "Bonne nuit !"



Juste avant de sombrer dans le sommeil, je me suis promis : " Première et dernière cuite ! Plus jamais ! "

A suivre !

Bonjour à tous,

J’ai un peu tardé à poster ce nouvel épisode : pratiquement deux mois depuis le dernier ! J’espère que vous arriverez à faire le lien avec le précédent.

Cet épisode est un peu particulier puisqu’il se passe entièrement pendant une soirée de Carnaval et que tous les personnages sont déguisés. Mis à part le déguisement de fée de Maureen qui est signé Tonner, j’ai fait tous les autres costumes. Heureusement, la plupart de ces tenues étaient en stock parce que je les ai cousus il y a quelques années déjà : ma période ethnique et historique ! J’ai dû malgré tout réaliser les costumes des trois personnages masculins : Elimane, Lucas et Salvatore. Il y a deux tenues de calife (d’opérette !) et un costume vaguement Renaissance. Cela m’a pris un certain temps, d’où le retard de publication !

Comme d’habitude, je vous rappelle le casting pour cet épisode :

• Maureen Doherty : Maree (Jigamaree-Bimong)
• Elimane Felton : Tonner Russell Williams
• Peggy Harcourt : Tonner Doll
• Jenna Santos : Tonner Basic Black Jac
• Lucas Mallory : Tonner Aragorn
• Miranda Delmas : Sybarite Mantilla
• Salvatore Fiorello : Tonner Stephan Salvatore
• Izumi Nakamura : Liu Liu All Star Basic (Tonner)
• Figurants : poupées Tonner, Sybarite, action figures 12"

Avertissement : Mon récit s'adresse à un public adulte.




Un mois s'est passé depuis la désastreuse partie de strip-poker où je me suis ridiculisée, sans compter la cuite carabinée qui a suivi ! Bref, une soirée à oublier ! J'ai trop honte, et je n'en ai parlé à personne, ni à Anaïs, ni à Peggy, surtout pas à Peggy qui est une bavarde incorrigible !

Miranda et Lucas ont coutume d'organiser une fête déguisée le soir du Mardi Gras où sont invités les mannequins travaillant régulièrement chez OOAK. En général, il n'y a pas de thème imposé, on se déguise comme on veut. Cette année, la soirée se passe à Vincennes, dans une salle louée au rez-de-chaussée d'une grande maison bourgeoise entourée d'un jardin.

Elimane se propose gentiment de nous y conduire, Peggy, Jenna et moi. Il s'est déguisé en calife, ce qui ravit Jenna, elle-même déguisée en odalisque de harem. Je dois avouer que la tenue lui va à ravir et qu'elle forme un binôme harmonieux avec Eli. Peggy porte une robe très chic style fifties dont la couleur écarlate flatte son teint mat. Quant à moi, j'ai retrouvé un déguisement de fée que ma mère m'avait cousu il y a deux ou trois ans pour une fête d'anniversaire. Elle avait de vrais talents de couturière, et il est encore joli, bien que les ailes soient très encombrantes !



Miranda et Lucas nous accueillent, tous deux vêtus de costumes historiques. Miranda est magnifique en marquise du XVIIIe siècle et Lucas est très crédible en prince de la Renaissance. Ils nous font gentiment des compliments sur nos déguisements.



Nous apercevons Salvatore et Izumi en pleine conversation et les rejoignons. Izumi porte, cela va de soi, un ravissant kimono. Elle nous explique qu'au Japon, elle s'habille souvent en costume traditionnel pour les fêtes familiales ou religieuses et que pour elle, ce n'est pas du tout un déguisement. Quant à Salvatore, sans se concerter avec Elimane, il a aussi choisi un vêtement de calife. Je dois avouer qu'avec ses cheveux noirs et ses yeux sombres, il est très séduisant en souverain musulman.



- Lucas et Miranda forment un joli couple, remarqué-je. Peut-être qu'ils sont amoureux !

J'ignore pourquoi, Peggy ne semble pas ravie de ma supposition et se renfrogne un peu. Elimane me détrompe en souriant :

- Quelle idée ! Non, Miranda est en couple depuis pas mal d'années avec Peter, un businessman anglais. Ils mènent une vie un peu spéciale parce qu'il passe la moitié de son temps à Londres pour son travail mais apparemment, ils s'en accommodent.
- Désolée, c'était une idée incongrue !
- Ce n'est pas grave ! Au fait, ton déguisement de fée est vraiment ravissant ! s'exclame-t-il en passant à un autre sujet.
- Oui, Maureen est à croquer ! renchérit Salvatore.

Jenna s'indigne en mettant les mains sur ses hanches :

- Dites-moi, messieurs, les califes sont censés séduire les courtisanes de harem et pas la fée Clochette !

Salvatore se jette soudain aux pieds de Jenna et clame d'une voix théâtrale :

- Oh, pardon chère Jenna, prunelle de mes yeux ! Tu es belle comme un minaret au clair de lune et douce comme du miel de fleur d'oranger ! Dis un seul mot et je ferai de toi ma favorite !



- Tu n'en fais pas un peu trop ? rétorque Jenna, dédaigneuse. De toutes façons, je préfère l'autre calife !
- Quoi ?! Quelle preuve de mauvais goût ! couine Salvatore. Préférer Eli à moi ! Tu as tort, c'est moi le vrai calife, lui n'est qu'un vizir de second rang !

Elimane s'amuse des pitreries de Salvatore, Jenna un peu moins. Elle s'éloigne de nous, boudeuse.



- Quel mauvais caractère, cette Jenna ! commente Peggy.

Puis, elle se tourne vers Izumi et lui demande :

- Qu'as-tu fait ces derniers temps ? Nous ne t'avons pas beaucoup vue à l'agence.
- Je prépare mon retour au Japon, c'est pour cet été ! J'ai aussi pas mal de travail à la Fac. Le weekend dernier, j'étais invitée chez des amis. C'était très sympa, sauf qu'ils ont voulu jouer au poker et je n'y connais rien !
- Tu devrais demander des conseils à Maureen, dit Salvatore avec un petit sourire moqueur à mon adresse, c'est une spécialiste du poker.
- C'est vrai, "Mauleen" ? m'interroge Izumi.
- Non, il plaisante, balbutié-je, un peu embarrassée, je suis plutôt nulle !



Je lance un regard venimeux à Salvatore, ce qui n'a pas l'air de le troubler du tout. Il me fait en réponse un clin d'œil facétieux. Après un petit moment, Eli, Peggy et Izumi nous laissent pour aller saluer des connaissances. J'en profite pour reprocher à Salvatore son manque de tact.

- Tu exagères vraiment, Salvatore ! Tu n'avais pas besoin de faire allusion à cette fameuse partie de poker qui reste un mauvais souvenir pour moi !



- Mais, je n'ai rien dit ! C'était juste un "joke" entre toi et moi ! Et puis, avoue que je t'ai sauvé la mise ce soir-là !
- Peut-être, mais tu as quand même attendu que je sois en soutif et culotte pour intervenir !
- C'est vrai, mais c'était malgré tout un peu drôle ! Je voulais savoir jusqu'où tu étais capable d'aller.
- Ce n'était pas drôle du tout !
- Allez, arrête de ronchonner, ma petite fée, susurre-t-il, l'œil charmeur, en se rapprochant de moi. Il y a une méchante sorcière qui m'a jeté un mauvais sort, continue-t-il, si près de moi que je pouvais sentir son parfum hespéridé. Pour me délivrer, il suffit de me donner un baiser.



Pendant quelques secondes, je suis comme tétanisée, incapable de me soustraire à son emprise, mais je reprends soudain mes esprits et le repousse sans ménagement.

- Va-t'en ou je vais te transformer en vilain crapaud !
- Coâ ? fait-il, avant de s'éloigner en riant.

Je cherche des yeux Peggy ou Elimane dans la foule des invités. Je finis par repérer Peggy près du buffet en train de parler à Lucas. J'ai l'impression que ce dernier est en train de la draguer, ce qui m'étonne beaucoup ! J'ai toujours eu l'impression qu'elle ne l'appréciait pas, étant donné tout ce qu'elle m'a raconté de négatif à son sujet. A un moment, il se penche même pour l'embrasser, ce qui me sidère encore plus !



A ce moment, mon attention est détournée par quelqu'un qui m'appelle. Je me retourne et voit Elimane qui me fait signe. Je le rejoins, contente de retrouver un visage ami, parmi tous ces invités dont je ne connais pas la plupart.

- Ça va, Maureen ? me demande-t-il. Je te cherchais pour te proposer de prendre un peu l'air sur la terrasse. Il fait une chaleur d'enfer dans cette salle !



Nous nous dirigeons vers la porte-fenêtre qui donne sur les jardins et au passage, j'aperçois Salvatore en galante compagnie. Il serre de près une grande blonde habillée d'une robe des années 1930. Son regard accroche le mien quelques secondes avant qu'il n'embrasse fougueusement sa compagne. Je suis sûre qu'il l'a fait exprès pour que je le voie, ce qui m'agace particulièrement ! Non, mais qu'est-ce qu'il croit ? Que je vais être jalouse ? Ce type a un ego surdimensionné !



Le ciel est dégagé et brille de mille étoiles. Après le bruit et l'atmosphère surchauffé, nous apprécions le silence et la fraîcheur de la nuit.

- C'est drôle, dis-je à Eli, il me semble avoir vu Peggy et Lucas très proches l'un de l'autre, alors que je pensais qu'ils ne pouvaient pas se supporter.
- Je ne suis pas très intéressé par les "gossips" mais je sais qu'ils ont vécu une histoire d'amour il y a quelques années. Lucas est semble-t-il toujours amoureux, quant à Peggy, ça dépend ! Elle souffle tantôt le chaud, tantôt le froid. C'est une fille instable, un peu parano, avec pas mal de problèmes psychologiques et tout ça, à cause de son enfance chaotique.
- Je suis un peu au courant et je trouve triste qu'elle ne puisse faire confiance à aucun homme !



- Et toi, est-ce que tu te méfies des hommes, Maureen ?
- Je me méfie des beaux parleurs, ils ne sont pas toujours sincères ! Mais ce n'est pas parce que ma mère a été malheureuse en amour que je ne crois pas au bonheur. Je suis sûre que je trouverai un jour la personne faite pour moi.
- J'aime bien les personnes positives ! dit Eli en souriant.
- Et tes vacances aux USA ?
- Très bien ! J'apprécie toujours de revoir mes grands-parents maternels et quelques cousins. Mais c'est étrange, j'ai l'impression de retrouver mes racines et en même temps, je me sens de plus en plus touriste ! Je me suis habitué à la vie en France et je ne crois pas que j'ai envie de revenir aux Etats-Unis.
- Peggy m'a raconté que tu allais quitter bientôt l'agence OOAK.
- Quelle bavarde, celle-là ! Oui, c'est vrai, mais ce n'est pas pour tout de suite, peut-être à la fin de l'été. J'ai le projet d'ouvrir mon propre studio de photos et de consacrer plus de temps à la photographie artistique.
- Tu souhaites faire quel type de photos ?
- Plutôt des portraits, soit composés et mis en scène soit au contraire spontanés, pris sur le vif dans la rue. D'ailleurs, j'aimerais bien que tu poses pour moi.
- Moi ? m'exclamé-je, un peu surprise.



- Tu seras rémunérée, bien sûr, c'est un vrai travail ! s'empresse-t-il d'ajouter.
- Là n'est pas la question ! Je n'ai jamais posé comme modèle !
- Tu sais, ce n'est pas très différent de ce que tu fais à l'agence et l'avantage par rapport à un modèle de peintre, c'est que les séances ne durent pas trop longtemps. Hum… mais je dois te prévenir, certaines photos seront un peu déshabillées !

J'agrandis mes yeux de surprise et Elimane, un peu gêné, tente de faire marche arrière.

- Pardon, je t'ai choquée ! Je n'aurais pas dû te faire une telle proposition !

Je ne sais pas trop comment réagir. D'un côté, c'est contre ma nature de m'exposer au regard des autres (sauf quand j'ai bu un coup de trop !), d'un autre côté, je veux me prouver que je suis capable de sortir de ma coquille et de mon image trop lisse de jeune étudiante sage. Plusieurs filles de l'agence dont Peggy ont déjà fait des photos de nu sans état d'âme. Je respire un bon coup et je me lance à l'eau !

- Pourquoi pas ? On peut faire un essai.



C'est maintenant Elimane qui se montre surpris.

- Vraiment ? Tu es partante ? C'est super ! Je te remercie de me faire confiance.
- Bah, après tout, j'ai fait la connaissance de ta famille à Noël, et si tu ne te conduis pas bien, je pourrai toujours me plaindre à ton père !
- Non, pas ça ! s'écrie-t-il en riant.

Nous rejoignons la salle où la fête bat son plein. A peine ma décision prise, je commence déjà à la regretter. Je ne fais que des choses bizarres en ce moment, je ne me reconnais plus. Ma mère doit se retourner dans sa tombe !

Miranda a organisé une farandole et nous la raccrochons en route. Ce soir, j'ai décidé de m'amuser, je réfléchirai plus tard à mes écarts de conduite !